Le 21 avril 2025, lendemain de la fête de Pâques, le Saint-Père, le pape François, est retourné à la maison du Père après 12 années de pontificat.
Le Pape est l’évêque de Rome et, de ce fait, le successeur de l’apôtre Pierre. Les Évangiles montrent que saint Pierre jouissait d’une primauté au sein du groupe apostolique constitué par le Christ. Le Pape hérite de cette primauté. Elle fait de lui le chef du Collège des évêques et donc le chef suprême de l’Église catholique.
L’élection du nouveau souverain pontife n’a donc rien à voir avec une élection classique. Il s’agit d’élire le nouveau chef de l’Église.
C’est un événement rare et solennel dans la vie de l’Église catholique qui se déroule au sein d’un conclave, procédure unique au monde qui perdure depuis des siècles. Cette élection est effectuée dans la prière et devant Dieu, dans l’écoute de la volonté de Dieu, en obéissant aux inspirations de l’Esprit Saint.
I/ Les grandes étapes qui rythment cette élection
Le conclave, c’est-à-dire la réunion de cardinaux chargés d’élire le prochain souverain pontife de l’Église catholique, aura lieu à partir du 7 mai 2025. Il vient clore la période de vacance du siège apostolique qui avait débuté le 21 avril dernier lors de la mort du pape François.
1. Le siège vacant (Sede Vacante)
Lorsqu’un Pape meurt ou renonce à sa charge, l’Église entre dans une période appelée sede vacante (« Siège vacant »), durant laquelle aucun Pape n’est en fonction.
Pendant la vacance du Siège apostolique, les pouvoirs sont principalement concentrés entre les mains du Camerlingue, administrateur temporaire du Vatican, (actuellement le cardinal Kevin Farrell), jusqu’à l’élection du nouveau souverain pontife. Il est assisté dans cette tâche par 3 cardinaux, dont deux sont tirés au sort tous les 3 jours. Le troisième est automatiquement le coordinateur du Conseil pour l’économie – le cardinal Marx.
Ils constituent la Congrégation “particulière” chargée de veiller à obtenir le vote du Collège des cardinaux pour les questions les plus importantes.
Le camerlingue doit aussi veiller à l’administration des biens et des droits temporels du Saint-Siège. Aucun changement majeur ne peut être décidé jusqu’à l’élection du successeur.
https://fr.aleteia.org/2025/04/21/sede-vacante-que-se-passe-t-il-a-la-mort-du-pape-francois
2. Le Collège des cardinaux (Collège cardinalice)
Durant la période où le Siège apostolique est vacant, le gouvernement de l’Église est confié au Collège des cardinaux (aussi appelé Collège cardinalice), comme le prévoit la constitution apostolique Universi dominici gregis promulguée par Jean-Paul II en 1996.
Jusqu’au début du conclave, l’ensemble du Collège des cardinaux — électeurs et non électeurs — se réunit chaque jour au Vatican en congrégations « générales », et son pouvoir est limité à deux missions : expédier les affaires courantes et urgentes de l’Église et préparer l’élection du nouveau pontife (élection qui se fera en conclave). Un moment de grand enjeu, puisque les cardinaux y dressent le profil du futur chef de l’Église catholique, qu’ils éliront parmi leurs rangs. La première a eu lieu dès le lendemain du décès du pape François, soit le 22 avril.
Il s’agit d’une période de transition d’environ 10 à 15 jours qui permet à l’Église de préparer le conclave qui s’ouvrira le mercredi 7 mai.
Répartition des cardinaux dans le monde
En 2025, le Collège des cardinaux est composé de 252 cardinaux (dont 135 cardinaux électeurs), représentant diverses générations, de 45 ans à 99 ans, venant de sept continents, de 91 pays.
Qui sont les cardinaux français ?
En 2025, la France compte 8 cardinaux.
Parmi eux, 5 sont électeurs : Mgr François-Xavier Bustillo, évêque d’Ajaccio ; Mgr Christophe Pierre, Ambassadeur du Pape dans un pays. nonce apostolique à Washington ; Mgr Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille ; Mgr Dominique Mamberti, préfet du tribunal suprême de la Signature apostolique ; Mgr Philippe Barbarin, archevêque émérite de Lyon.
Trois cardinaux français ont plus de 80 ans et ne sont donc plus électeurs : Mgr Jean-Pierre Ricard, archevêque émérite de Bordeaux ; Mgr André Vingt-Trois, archevêque émérite de Paris et Mgr Paul Poupard, président émérite du Conseil pontifical pour la Culture.
https://eglise.catholique.fr/vatican/les-cardinaux-dans-leglise-catholique/
3. La convocation des cardinaux-électeurs en conclave
Le 7 mai, l’Église entre en conclave [du latin cum (avec) et clave (à clé)]. Un conclave qui ne s’achèvera qu’avec l’élection d’un nouveau pape. Seuls les cardinaux de moins de 80 ans ont alors la possibilité de voter.
Tous les cardinaux de moins de 80 ans sont convoqués à Rome pour participer au conclave. Environ 120 électeurs sont généralement présents. En 2025, ils seront 135. Compte tenu du désistement de deux d’entre eux pour raisons de santé, 133 cardinaux électeurs devraient participer à l’entrée en conclave le 7 mai prochain à 16h30.
La composition du collège cardinalice en termes de cardinaux électeurs (moins de 80 ans) se présente comme suit :
- 108 cardinaux créés par le pape François,
- 22 cardinaux créés par Benoît XVI,
- 5 cardinaux créés par Jean-Paul II,
4. L’entrée en conclave
Le 7 mai à 10h, se tiendra une messe solennelle « pour l’élection du pontife romain » en la basilique Saint-Pierre. Après quoi, à 16h30, les cardinaux-électeurs se rendront en procession à la chapelle Sixtine où se déroule le vote, au chant du Veni Creator.
Après avoir prêté serment de secret absolu et la lecture d’une méditation sur la responsabilité qui leur incombe, la chapelle sera fermée à clé (cum clave), aucun contact avec l’extérieur n’est autorisé, pour ne pas être influencés.
Les portes ne se rouvriront qu’au moment où de la fumée blanche sortira de la cheminée installée pour l’occasion. L’Église aura alors un nouveau pape.
Lors du conclave, les cardinaux électeurs dorment habituellement dans la résidence Sainte-Marthe qui compte 126 chambres. Mais face au nombre inédit de cardinaux électeurs qui seront présents – 133 – le directeur du Bureau de presse a précisé que l’ancienne maison Sainte-Marthe, un édifice voisin, était reliée et donc pouvait servir aussi à l’hébergement.
https://eglise.catholique.fr/vatican/369532-le-conclave/
5. Le processus de vote
Chaque jour de conclave comprend jusqu’à quatre scrutins (deux le matin, deux l’après-midi), selon la durée nécessaire. Le vote se déroule ainsi :
- Chaque cardinal écrit le nom de son candidat sur un bulletin.
- Les bulletins sont déposés dans une urne sur l’autel de la chapelle.
- Trois scrutateurs comptent les voix.
- Pour être élu, un candidat doit obtenir les deux tiers des voix.
À la fin de chaque vote, les bulletins sont brûlés. Si le scrutin n’aboutit pas à l’élection, on y ajoute une substance pour produire une fumée noire (fumata nera). Lorsque l’élection est réussie, la fumée devient blanche (fumata bianca), signe que l’Église a un nouveau pape.
En moyenne, un conclave dure 2 jours et demi, mais les trois derniers conclaves se sont achevés en 2 jours. L’Église catholique pourrait donc avoir son nouveau pape dès le 9 mai.
https://eglise.catholique.fr/vatican/359471-regles-election-pape/
6. L’acceptation et l’annonce
Le cardinal doyen demande alors à l’élu s’il accepte sa charge. En cas d’acceptation, il choisit son nom de pontificat. Quelques instants plus tard, le cardinal protodiacre annonce depuis le balcon de Saint-Pierre le fameux : « Habemus Papam » (Nous avons un pape).
7. La première apparition du nouveau pape
Peu après, le nouveau Pape apparaît à la loggia de la basilique Saint-Pierre pour sa première bénédiction urbi et orbi devant la foule présente sur la place Saint-Pierre. Ce moment marque sa première bénédiction en tant qu’évêque de Rome et chef de l’Église catholique.
II/ Un processus chargé de symboles, effectué dans la prière et devant Dieu
Le conclave, bien que très ritualisé, est aussi un moment de réflexion profonde pour les cardinaux, qui cherchent à discerner celui qui guidera l’Église dans une nouvelle étape de son histoire.
Le conclave n’a absolument rien à voir avec une élection classique ou le congrès d’un parti politique. Les cardinaux se retrouvent enfermés dans un secret total, c’est-à-dire sans aucune influence extérieure de la part de partis, de groupes ou de lobbies et élisent, dans le secret de la prière, le chef de l’Église. Habituellement, tout choix de chef est soumis à des pressions. Ici, on ferme la porte à clé, les cardinaux électeurs déposent leur smartphone, coupent tout contact avec l’extérieur. Personne ne peut souffler un nom. Ils sont face à eux-mêmes, face à Dieu. Les cardinaux vont choisir l’un d’entre eux, qui ne retournera pas dans son diocèse mais restera à Rome pour diriger l’Église.
Dans un communiqué, les cardinaux réunis en congrégation générale disent percevoir « la nécessité d’être soutenu par la prière de tous les fidèles ». Se disant « conscients de la responsabilité à laquelle ils sont appelés », ils adressent « au Peuple de Dieu une invitation à vivre ce moment ecclésial comme un évènement de grâce et de discernement spirituel, dans l’écoute de la volonté de Dieu ».
Voici donc une prière à l’Esprit saint à réciter pour lui demander d’inspirer les cardinaux et d’être le pivot du conclave.
Toi qui veux que le troupeau de ton Église paisse dans les verts pâturages de ta grâce,
Accorde-nous un pasteur qui rappelle au monde ton dessein bienveillant,
Un berger qui encourage ses frères et sœurs, à la houlette miséricordieuse et missionnaire.
Christ-Jésus, seul sauveur et Époux de ton Église,
Sois l’exemple de chacun des cardinaux, qu’ils gardent les yeux fixés sur la croix,
Qu’ils soient renouvelés par ta résurrection et sûrs de leur foi,
Qu’ils aient conscience qu’ils seront jugés sur l’amour,
Qu’ils témoignent jusqu’au don de leur vie.
Seigneur Esprit saint, sois le maître intérieur de chacun.
Esprit de conseil, donne-leur d’écouter ta voix.
Esprit de sagesse, fais-leur discerner le bien de l’Église.
Esprit d’intelligence, accorde à tous le souci de la vérité.
Esprit de science, montre-leur que tout est entre les mains du Père.
Esprit de force, garde-les courageux contre l’esprit du monde.
Esprit de crainte, sauvegarde leur humilité.
Esprit de piété, maintiens-les dans la prière.
Que les congrégations générales et le conclave demeurent sous ta constante protection,
Que tout prenne en toi sa source et reçoive de toi son plein achèvement.
Et, quand tu auras voulu donner à l’Église son nouvel évêque de Rome,
Accorde-lui tous tes dons, pour la gloire de Dieu et le salut du monde,
Accorde à tous les fidèles paix et joie, et la certitude que tu veilles, à jamais, sur l’Église.
Sources : https://fr.aleteia.org/2025/04/28/conclave-une-priere-pour-que-lesprit-saint-inspire-les-cardinaux