Le long silence du Samedi saint se termine ! La nuit de la joie et de la délivrance s’ouvre. La Vigile pascale, veillée nocturne durant laquelle est célébrée la Résurrection du Christ, clôt la Semaine sainte. Elle se tient le soir, entre le coucher du soleil du Samedi saint et le lever du soleil de Pâques.
La Vigile Pascale ou veillée pascale est la « mère de toutes les liturgies », le cœur et le sommet de l’année liturgique.
Avec la liturgie de la Vigile pascale s’ouvre la fête de Pâques : « la fête des fêtes, la solennité des solennités » (Saint Augustin). Dans la plus sainte des nuits, la flamme du cierge pascal brille en signe de la victoire définitive du Christ sur la mort !
L’assemblée des fidèles exulte : l’église pour l’occasion est très fleurie. Les bénévoles de l’équipe d’art floral rivalisent d’imagination et de créativité pour que les compositions florales disent aussi, la merveille que Dieu accomplit : Jésus est ressuscité ! Cierge pascal, vasque baptismale, table de la Parole, table eucharistique sont couverts de fleurs et l’église ressemble alors au Jardin du matin de Pâques.
La cérémonie de la Vigile pascale est une instruction religieuse à elle seule. Quelle chance de pouvoir ainsi entendre, apprendre, comprendre et mieux pénétrer le sens de Pâques !
Célébration et liturgie de la Vigile Pascale
La célébration se déroule en 4 temps liturgiques spécifiques, dont la tonalité d’ensemble est celle de la joie.
La liturgie de la lumière (Lucernarium), célèbre le Christ ressuscité qui vient illuminer nos ténèbres !
Le prêtre bénit le feu nouveau : ce feu allumé sur le parvis ou le jardin attenant à l’église est le premier signe du renouveau de Pâques. Puis le cierge pascal, minutieusement préparé, est allumé à la flamme vive du feu nouveau. La Lumière de Pâques brille alors.
Ce cierge, qui restera allumé pendant toute la durée du Temps pascal, symbolise l’âme du Christ rassemblée à son corps dans la gloire du Ciel. Une fois allumé, le cierge pascal est porté en procession dans l’église.
Chaque fidèle est invité à allumer son propre cierge au cierge pascal : tout chrétien devient alors « porteur de la lumière » de Pâques. En procession, les fidèles pénètrent dans l’église qui s’éclaire peu à peu.
Au moment où le cierge pascal arrive dans le chœur, on entonne alors le chant de l’Exultet (du latin exultare, « exulter de joie »), qui proclame la victoire de la lumière sur les ténèbres et annonce la Résurrection du Christ !
Débute ensuite la liturgie de la Parole, particulièrement développée au cours de la nuit de Pâques.
L’Église propose une relecture de l’histoire du salut en commençant par le récit de la Création, pour signifier que la Résurrection est le début de la Création nouvelle. Ainsi, les lectures tirées de l’Ancien Testament sont au nombre de 7, puis vient l’Épître de saint Paul aux Romains et enfin l’Évangile de la Résurrection. Les lectures sont entrecoupées de psaumes et d’hymnes.
Pour marquer la transition entre l’ancien testament et le nouveau testament, des cierges sont allumés, les cloches sonnent. On entonne alors le chant du Gloire à Dieu ! Ce chant « oublié » durant tout le Carême, éclate en cri de joie avant de laisser place à la lecture de l’épître de saint Paul aux Romains si nous sommes passés par la mort avec le Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui.
Et voilà l’alléluia qui n’avait plus été chanté pendant tout le carême, qui résonne à son tour et le prêtre proclame ensuite l’évangile qui nous transmet le récit de la résurrection : “Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? Il n’est pas ici, il est ressuscité !” (Luc 24, 1-12).
L’homélie conclue la liturgie de la Parole au moment où débute la liturgie baptismale.
Au cours de cette nuit sainte, la liturgie baptismale prend naturellement sa place.
Comme le dit l’épître de saint Paul nous tous, qui avons été baptisés en Jésus Christ, c’est dans sa mort que nous avons été baptisés. Si, par le baptême dans sa mort, nous avons été mis au tombeau avec lui, c’est pour que nous menions une vie nouvelle, nous aussi. »
La litanie des saints et la bénédiction de l’eau du baptême introduisent au baptême des adultes, traditionnellement baptisés à ce moment de l’année, mais aussi au baptême d’adolescents et d’enfants.
Cette année 2024, notre communauté paroissiale accueillera 2 nouveaux membres dont l’un qui recevra les 3 sacrements de l’initiation chrétienne (baptême, eucharistie et confirmation) et l’autre la première communion et la confirmation.
L’accueil de nouveaux « enfants de Dieu » est une grande joie pour l’Église et pour tous les fidèles présents.
C’est à ce moment-là que tous les fidèles sont invités à renouveler leurs promesses baptismales en renonçant au péché. Le prêtre effectue l’aspersion, pour que l’assemblée soit lavée du péché et renaisse dans la mort du Christ.
La messe se poursuit avec la liturgie eucharistique.
La célébration de l’eucharistie est le point culminant, car elle est par excellence le sacrement pascal, mémorial du sacrifice de la Croix et présence du Ressuscité, terme de l’imitation chrétienne, anticipation de la Pâque éternelle.
Rappelons la prière eucharistique dite au cours de la Vigile Pascale : “Vraiment il est juste et il est bon de te glorifier, Seigneur, en tout temps, mais plus encore en cette nuit où le Christ, notre Pâque, a été immolé. Car il est l’Agneau véritable qui a enlevé le péché du monde ; en mourant, il a détruit notre mort ; en ressuscitant, il nous a rendu la vie”.
La bénédiction solennelle conclut cette cérémonie « qui prend le temps » de dire la joie de Pâques.
Le dimanche de Pâques a déjà été célébré dans la nuit, les messes du jour en sont une prolongation de la joie, de l’émerveillement, dans la certitude que « l’essentiel est invisible pour les yeux ».
A lire absolument :
Les symboles de la Vigile Pascale
Sens de la veillée pascale
La Veillée pascale est « une veille en l’honneur du Seigneur »: nous sommes rassemblés pour veiller auprès du Ressuscité. C’est « la mère de toutes les saintes veillées »!
On se rappellera les racines juives de cette nuit :
-
- la Pâque juive est une veille où l’on fait mémoire de Dieu qui, le premier, a veillé pour faire passer son peuple des ténèbres à la lumière; la Pâque chrétienne, elle aussi, est une veille où les chrétiens ravivent leur mémoire : en cette nuit, Dieu fait passer son Fils de la mort à la vie …
- la sortie d’Égypte fait entrer le peuple dans la Première Alliance; le matin de Pâques fait entrer les disciples du Christ dans la Nouvelle Alliance …
- avec Moïse, le peuple juif passait de l’esclavage à la liberté; en Jésus, qui nous libère de la nuit du péché, nous passons à une vie nouvelle …
Et parce qu’elle est mémoire des merveilles réalisées par le Dieu de l’Alliance, la Veillée pascale est action de grâce.
Faire mémoire commence par dire merci : merci pour les merveilles accomplies pour le peuple choisi, merci pour celles accomplies pour le nouvel Israël.
Il reste que toute Veillée pascale doit nous laisser une faim. Certes, le Christ est ressuscité; certes, il se donne à nous dans sa Parole et dans son Corps. Mais sa seigneurie n’est pas encore pleinement accomplie.
Cette nuit où nous veillons dit que notre vie entière doit être veille : rester en tenue de travail, garder les lampes allumées, être comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces afin de lui ouvrir dès qu’il arrivera et frappera (Luc 12, 35-36)…
La Veillée pascale, image et condensé de toute l’aventure du baptisé ! Dans de nombreuses paroisses, la Veillée pascale rassemble, depuis quelques années, autant de fidèles que la nuit de Noël. Signe des temps. Signe que les communautés ont soif, en cette nuit belle entre toutes, de célébrer le Dieu qui, dans les temps passés, a sauvé son peuple et qui, dans ces temps qui sont les derniers, nous a envoyé son Fils comme Rédempteur.
https://www.la-croix.com/Definitions/Fetes-religieuses/Samedi-saint/La-veillee-pascale