Les chrétiens peuvent offrir un temps de jeûne à Dieu, que cela soit lors des jours de pénitence prévus par l’Église (Mercredi des Cendres et Vendredi Saint) ou d’une manière plus personnelle à un autre moment de l’année. 

Du latin jejenus (« qui est à jeun »), le jeûne renvoie à une privation volontaire de nourriture pendant un temps donné. Mais le jeûne est associé à la prière et à l’aumône. Il ne s’agit pas d’une simple privation dénuée de sens mais bien d’un effort offert et vécu dans la prière qui nous ouvre à Dieu et aux autres. 

Quelques pistes pour en mieux comprendre la valeur et pour le vivre en communion avec le Christ.

Jésus et le jeûne

Le jeûne chrétien trouve ses racines dans la tradition hébraïque. Le peuple juif pratiquait régulièrement des temps de jeûne, notamment pour faire pénitence ou en supplication. 

Jésus lui-même, s’inscrit dans cette tradition et jeûne 40 jours et 40 nuits au désert juste après son baptême. Ce jeûne rappelle ceux de Moïse sur le mont Sinaï avant de recevoir les tables de la loi et d’Elie avant d’atteindre le mont Horeb.

Sa vie publique commence donc par cette période de retrait mais aussi de combat spirituel puisque c’est là qu’il affronte les tentations du diable.

“Jésus, rempli d’Esprit Saint, quitta les bords du Jourdain ; dans l’Esprit, il fut conduit à travers le désert où, pendant quarante jours, il fut tenté par le diable. Il ne mangea rien durant ces jours-là, et, quand ce temps fut écoulé, il eut faim.” (Luc 4, 1-2)

Loin des 40 jours et des 40 nuits de jeûne total, nous retrouvons dans le Nouveau Testament, la pratique régulière du jeûne partiel, associé à la prière, soulignant la ferveur et la piété du croyant.

“Il y avait aussi une femme prophète, Anne, fille de Phanuel, de la tribu d’Aser. Elle était très avancée en âge ; après sept ans de mariage, demeurée veuve, elle était arrivée à l’âge de quatre-vingt-quatre ans. Elle ne s’éloignait pas du Temple, servant Dieu jour et nuit dans le jeûne et la prière.” (Luc 2, 36, 37)

Toutefois Jésus met en garde contre la tentation d’un jeûne de façade, effectué comme un rituel et non associé à ce désir d’humilité et d’intimité avec Dieu.

“Et quand vous jeûnez, ne prenez pas un air abattu, comme les hypocrites : ils prennent une mine défaite pour bien montrer aux hommes qu’ils jeûnent. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont reçu leur récompense.

Mais toi, quand tu jeûnes, parfume-toi la tête et lave-toi le visage ; ainsi, ton jeûne ne sera pas connu des hommes, mais seulement de ton Père qui est présent au plus secret ; ton Père qui voit au plus secret te le rendra.” (Matthieu 6, 16-18)

Source : https://hozana.org/catechisme/questions-sur-la-vie-chretienne/le-jeune

Vivre le jeûne en communion avec le Christ

Le jeûne est un moyen pour être vraiment homme, c’est-à-dire, pleinement ressemblant au Christ : c’est un chemin de disponibilité et de liberté intérieure. Comme l’affirmait Benoît XVI : « Le jeûne chrétien doit être un acte libérateur ».

Une ascèse chrétienne

Dans la religion chrétienne, le fidèle est invité à suivre la voie proposée par Jésus et à conformer sa vie selon la sienne. Ainsi, de la même manière que le Christ s’est préparé à sa mission en allant jeûner quarante jours dans le désert, le chrétien est appelé à faire de même pendant les six semaines du carême.

Du grec askeo (« faire de l’exercice »), le jeûne est une forme d’ascèse, une discipline intérieure et corporelle qui invite à faire de la place pour mieux accueillir Dieu. En effet, le sens du jeûne et de la privation volontaire est de se libérer du superflu pour accorder plus de place à l’essentiel. C’est donc un exercice de libération intérieure.

Loin d’être un exploit spirituel fondé sur l’orgueil, le jeûne est une offrande de nous-mêmes : « Le sacrifice en sa totalité, c’est l’offrande de nous-mêmes » affirme saint Augustin.

Dieu cherche notre point faible pour y déployer sa grâce. «  Le sacrifice qui plaît à Dieu, c’est un esprit brisé » (Ps 50, 19) chante le psalmiste et Saint Paul le rappelle : «  Ma grâce te suffit, car c’est dans la faiblesse que ma puissance donne toute sa mesure » (2 Co 12, 9).

Un chemin de guérison

Le jeûne n’est pas un mépris du corps, ni de la nourriture qui sont des dons de Dieu, comme nous le disons dans la prière du Bénédicité. 

En revanche, il peut nous aider à porter un regard plus juste sur les biens en nous guérissant de l’avidité : le désir de posséder toujours plus et dans l’immédiat n’est rien d’autre qu’un écho du péché originel.

Le jeûne invite à contrôler la violence de nos appétits et des addictions qui nous rendent esclaves, « car on est esclave de ce qui nous domine » (2 P 2, 19).

Si dans le désert le Christ n’a pas cédé, malgré la faim, à la tentation du pain, c’est parce qu’il était en communion avec son Père. C’est donc un combat spirituel qui nous est proposé : «  L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Mt 4, 4).

Différentes formes de jeûne

Différentes formes de jeûne s’offrent à nous : jeûne de nourriture bien sûr, mais aussi de jugements et de paroles inutiles, de mensonges et de bruit, de réseaux sociaux, d’ordinateur et de télévision…

Jeûne de tous ces esclavages du quotidien qui nous font perdre un temps qui pourrait être donné à l’Amour, qui nous replient sur nous-mêmes au lieu de nous ouvrir aux autres. […]

Le jeûne, lié à la prière et à l’aumône

Le jeûne est indissociable de la prière et de l’aumône. Dans une attitude de foi et d’humilité, il ouvre les cœurs au prochain et à l’amour de Dieu. Dans la Bible, le jeûne est souvent accompagné de prières suppliantes comme celle de David devant son fils malade.

Le jeûne crée en nous une faim de la Parole de Dieu ; il a pour but de nous faire manger la vraie nourriture qui est l’écoute de la Parole autant que l’Eucharistie. Dans son message de carême de 2009, Benoît XVI écrivait que « le jeûne nous est offert comme un moyen pour renouer notre amitié avec le Seigneur », une amitié qui ne peut passer que par la prière et la méditation de la Parole.

Le jeûne est un appel de tout chrétien à «  ne plus vivre pour soi-même, mais pour Celui qui l’a aimé et s’est donné pour lui, et… aussi à vivre pour ses frères » (Paul VI).

(D’après une conférence du P. Etienne Maroteaux)

Sources : https://www.catholique78.fr/2016/03/02/sens-chretien-jeune/

https://www.lejourduseigneur.com/fetes-chretiennes/comment-jeuner-pendant-le-careme