Ils ont répondu nombreux à l’invitation de Père Marcel Crépin et de la Pastorale Paroissiale des Hommes, ce vendredi 27 décembre 2024 à 18h00 , à la salle Saint Laurent, pour un temps de réflexion et de partage. Un temps dédié aux hommes et aux jeunes garçons qui a débuté par un moment de prière pour la paix, pour les familles, la Martinique et le monde. Il s’est poursuivi par une lecture de l’introduction du livre de Monseigneur David Macaire « Lettres d’encouragement aux hommes : chemins d’espérance », support de l’échange.
Dans ces lettres, Monseigneur David Macaire adresse un encouragement aux hommes et leur propose de devenir un chemin d’espérance pour la société antillaise, qui a parfois misé exclusivement sur les vertus des femmes. Mgr MACAIRE regrette que la gent masculine ne soit perçue qu’à travers ses limites et ses faiblesses, dans lesquelles elle s’est laissée enfermer alors qu’elle porte en elle des forces spirituelles et des potentialités encore inexploitées.
Chaque lettre, construite à partir d’une figure emblématique de la société créole ou contemporaine, reconsidère les valeurs propres au cheminement masculin et encourage les hommes à se responsabiliser et à trouver leur place dans la société et l’Église.
Devant un auditoire attentif, composé principalement d’hommes d’âge mûr, le frère Marcel Saint-Hilaire a donné lecture des premières pages. Et une chose est sûre, les premiers mots ont fait mouche car calibrés pour cette cible particulière qui est l’homme antillais et singulièrement l’homme martiniquais.
En effet, qui mieux que l’homme martiniquais peut comprendre le choix proposé par Monseigneur Macaire du « coq-djém » comme emblème de la masculinité antillaise ? Qui mieux que lui pour saisir le caractère ambivalent de la figure du « coq-djèm » ? Se laissera-t-il tirailler dans cette opposition entre le présomptueux et le protecteur ?
Le débat était lancé !
Difficile pour certains de ne pas se retrouver dans l’image de l’infatigable séducteur faisant chatoyer les couleurs de son plumage, excessivement content de sa personne à l’exemple de cet homme qui prendra la parole et dira « j’étais un bel homme mulâtre avec de la prestance et j’avais du succès auprès des femmes »
Un autre participant expliquera : « A cause de l’attitude de mon père et de l’image que j’ai eu de la figure paternelle, en grandissant j’ai reproduit les mêmes schémas, mais grâce à ma rencontre personnelle avec Dieu, je tâche de rectifier les erreurs que j’ai pu commettre dans ma relation père-fille ». Et cet homme de poursuivre ainsi « J’aurais tellement aimé que mon père soit là pour entendre ce qui est dit ce soir »
Un autre homme de raconter : « j’ai la joie d’être un père et un grand-père heureux, je m’amuse comme un gamin avec mes petits-enfants au grand dam de mon épouse » et de lancer peu après « J’ai pardonné à mon père la violence et la brutalité des corrections qu’il m’infligeait »
Bien entendu, il était impossible de ne pas voir surgir dans le débat le spectre de la femme « potomitan » et de la matrifocalité propre aux familles antillaises. Cependant tous les hommes se sont accordés sur le fait que l’homme antillais doit retrouver la place qui est la sienne au sein de sa famille et de l’église.
Un jeune homme dira qu’il n’est pas trop tard pour prendre conscience de la réalité de notre identité afin de rectifier le tir et qu’il voit les changements qui s’opèrent en lui et malgré lui depuis qu’il s’est remis complètement à Dieu.
Père Marcel Crépin rappellera que le Christ vient nous rejoindre dans notre « aujourd’hui », pour briser le joug des héritages ancestraux et générationnels. Que le chemin proposé par l’évêque dans les lettres d’encouragements est d’abord un chemin de miséricorde et de rédemption. Qu’il nous faut guérir les blessures du passé, effacer les effets des paroles négatives encore inscrites en nous.
Un participant dira partager la conviction de notre évêque selon laquelle « nous n’avons pas encore suffisamment placé notre espérance dans la capacité d’envol des hommes de notre peuple. »
Après tout, à voir la présence grandissante des hommes aux messes dominicales et aux temps forts paroissiaux, nul doute que les hommes de la paroisse du Lamentin sont en pole position, prêts à prendre leur envol spirituel afin de rayonner et d’impulser, avec la grâce de Dieu, une direction spirituelle pour les générations à venir. Est-il nécessaire d’indiquer que la pole position dont il s’agit, est « à genoux » pour dire avec l’apôtre Paul dans sa lettre aux Ephésiens : « C’est pourquoi je tombe à genoux devant le Père, de qui toute paternité au ciel et sur la terre tient son nom. »
Cette première rencontre a donné le ton des débats ultérieurs qui se tiendront selon le calendrier du service de la pastorale paroissiale des hommes du Lamentin et porteront sur les lettres d’encouragement que nous propose notre Evêque.
Une farandole d’amuse-bouche accompagnés de boissons soft ont permis à l’assemblée d’hommes de prendre congé sur des notes festives.
Josselin (SPPH du Lamentin)