Frère prêcheur, docteur de l’Église (+ 1274)
Ce mardi 28 janvier, nous fêtons Saint Thomas d’Aquin. Pour mémoire, le prénom Thomas est d’origine araméenne, dérivé de « Ta’oma’ », signifiant « jumeau ».
Les années 2023-2024-2025 sont des années jubilaires pour la province dominicaine de Toulouse : trois années pour découvrir saint Thomas d’Aquin, l’homme, le dominicain, le penseur et son génie.
Trois années pour célébrer :
- la canonisation (1323), dont 2023 sera le VIIe centenaire,
- la mort (1274), dont 2024 marquera les 750 ans,
- la naissance (1225), dont 2025 sera le VIIIe centenaire.
Né en 1225, à Rocasseca près de Naples, dans la famille d’Aquino de la noblesse italienne, Thomas est élevé comme oblat à l’abbaye bénédictine du Mont-Cassin.
Il entre en 1244 dans l’ordre des Frères prêcheurs fondé par Dominique de Guzman (saint Dominique) en 1216, pour lutter contre l’hérésie albigeoise par la pauvreté volontaire et la prédication.
Ce n’est guère du goût de sa famille, qui le fait enlever et enfermer.
Ce choix personnel, contre l’avis de sa famille, dit quelque chose de sa grande liberté intérieure, de la force de sa vocation. Il dit l’amour de la pauvreté et l’amour de la vérité, qui sont les deux caractéristiques de l’ordre des prêcheurs, dont la devise est Veritas”, partage Sr. Marie-David Weill
Grâce à sa ténacité et à la complicité des frères dominicains, il peut enfin poursuivre sa vocation. Envoyé à Paris en 1245, il y fait la rencontre de saint Albert le Grand, qui se l’attachera et l’amènera avec lui à Cologne en 1248, où il poursuivra ses études jusqu’en 1252.
Il revient à Paris de 1252 à 1256 pour y enseigner comme bachelier sententiaire. Il commente les Sentences de Pierre Lombard, qui est un ouvrage de référence jusqu’au XVIe siècle pour l’étude de la théologie en quatre livres. Il rédige ensuite son Commentaire des Sentences, sa première œuvre d’envergure.
De même commente-t-il plusieurs livres de la Bible, comme il le fera tout au long de sa carrière.
À Paris encore, il devient régent des études, c’est-à-dire responsable des études d’une province et pour les dominicains de cette province. Il est alors « Maître-Régent » de 1256 à 1259.
Ensuite, il enseigne en Italie à Naples de 1259 à 1261. Il est nommé lecteur conventuel, c’est-à-dire chargé de l’animation intellectuelle, philosophique et théologique du couvent d’Orvieto de 1261 à 1265. Il y achève le Contra Gentiles.
Il est nommé « Maître-Régent » à Rome entre 1265 et 1268. C’est là qu’il entreprend la rédaction de la première partie de la Summa theologiae, la prima pars, qui traite de Dieu et de son œuvre de création.
Ensuite, il retourne à Paris pour la troisième fois, de 1268 à 1272. Il y écrit la deuxième partie de la Summa, ce qu’on appelle la secunda pars, qui concerne la vie morale humaine.
Au printemps 1272, il revient à Naples, où il y est nommé « Maître-Régent » jusqu’en février 1274.
Il est alors convoqué pour participer au second concile de Lyon. C’est à Naples qu’il écrit la troisième partie de la Summa, ce qu’on désigne par la tertia pars, qui traite du Christ rédempteur, des sacrements et des fins dernières. Il ne peut aller jusqu’au bout de son entreprise, il s’arrête alors qu’il aborde le sacrement de pénitence, après quoi il n’aura plus les moyens et le temps de l’achever.
Affaibli, épuisé, il meurt le 7 mars 1274 à l’abbaye de Fossanova, sur la route qui devait le conduire au concile de Lyon.
Avec sa canonisation le 18 juillet 1323, l’Église reconnaît également la grande sagesse théologique de saint Thomas d’Aquin.
Sur l’ordre du pape Urbain V, son corps est transféré à Toulouse en 1368.
Il est proclamé Docteur commun de l’Église en avril 1567 par le pape saint Pie V, avec le titre spécial de « Docteur Angélique » (à cause de ses nombreux traités des anges).
Le pape Léon XIII, au XIX° siècle le déclare patron des écoles et universités catholiques.
Son aura culmine en 1923 lorsque Pie XI lui attribue le titre unique de Docteur commun universel de l’Église.
C’est ce génie extraordinaire qui a fait de saint Thomas un penseur, qui maintenant encore, a une grande autorité dans l’Église et est la référence supérieure, la plus remarquable et emblématique parmi ses pairs. Et le Pape Jean-Paul II a rappelé que c’est un auteur moderne. Il ne pourra être absent du renouveau de la théologie catholique.